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Oppenheimer, le nouveau film tant attendu de Christopher Nolan, est un projet qui ne cesse de faire parler de lui dans la presse depuis plusieurs mois. À travers des déclarations savamment distillées, le réalisateur entretient le mystère autour de ce projet au sujet supposé hautement cinématographique. En effet, Nolan accumule les symboles, de la pellicule 70mm à l'absence de CGI en passant par l'utilisation du noir et blanc. Même la présence de Robert Downey Jr., dans son premier rôle marquant depuis sa participation à la franchise Iron Man, est utilisée comme un atout de communication. Tout semble indiquer qu'Oppenheimer est un film qui cherche à prouver, à l'image de ce que Martin Scorsese défend avec "This is cinema.", que le cinéma véritable n'est pas à chercher dans les productions Marvel et similaires. Cependant, malgré tous ces ornements, le film ne parvient pas à masquer sa balourdise.

Oppenheimer se divise en deux fils narratifs. D'un côté, le film-dossier retrace les différentes étapes de la carrière du scientifique Robert Oppenheimer, chef du fameux Projet Manhattan qui donna naissance à la bombe atomique. De l'autre côté, le film-cerveau s'intéresse à la psyché fragile du physicien surdoué, assailli par des images mentales qui témoignent à la fois de sa perception du monde quantique et de sa culpabilité face aux horreurs d'Hiroshima et de Nagasaki. Cette dualité offre un véritable paradoxe cinématographique, reflétant l'âme même du protagoniste. Pourtant, malgré cette idée intrigante, Oppenheimer peine à livrer une mise en scène à la hauteur du concept. La chronologie déstructurée, qui constitue l'un des points faibles de Nolan, semble ici être l'expression même de ce manque de musicalité. Les différentes parties du récit s'entremêlent de manière confuse, sans parvenir à trouver une harmonie visuelle et narrative. Le parallèle entre le jeune Robert, brillant théoricien mais laborantin maladroit, et l'autoportrait du physicien, crucifié lors d'une procédure administrative, est intriguant mais se révèle trop platement explicatif. De même, les scènes censées exprimer le débordement de la subjectivité du scientifique peinent à être réalistes et émotionnellement convaincantes.

Certains moments réussissent tout de même à captiver le spectateur, tels que l'apparition glaçante de Casey Affleck ou la séquence de l'essai atomique Trinity, reposant sur une idée simple mais bien exécutée. Cependant, ces éclats ne suffisent pas à masquer l'impression que le film est une montagne qui accouche d'une souris. Nolan n'est pas un grand cinéaste, mais ses films sont souvent stimulants et curieux, grâce à leurs architectures fondées sur des concepts narratifs. Or, dans Oppenheimer, cette inspiration ludique fait défaut, laissant le style de Nolan assommant.

Malgré quelques éclats, le film peine à rencontrer le gigantisme du réalisateur avec la forme classique du biopic. Le projet se perd dans ses ambitions sans parvenir à opérer une véritable rencontre entre les deux, laissant le spectateur sur sa faim. Un résultat qui ne parvient pas à être à la hauteur des attentes placées dans le film.

 

Tag(s) : #Cinéma
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