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Le battage publicitaire tonitruant autour du film Barbie pourrait presque faire passer inaperçue l'ambition sérieuse de Greta Gerwig derrière ce projet. Financé par Mattel, le film est sans aucun doute la comédie pop attendue, tout en servant d'inévitable manne à merchandising. Mais la cinéaste ne se contente pas de céder aux clichés associés à Barbie ; au contraire, elle s'attache à déconstruire et à railler l'image du produit phare de la firme, symbole de stéréotypes et égérie d'un féminisme de façade. En plongeant dans le monde réel, Barbie découvre que celui-ci est encore largement dirigé par les hommes et que son existence n'a en rien modifié le quotidien des petites filles. Malgré le pouvoir théorique d'être "qui elle veut", Barbie reste fondamentalement un cheval de Troie du patriarcat, utilisant un empowerment inoffensif.

Greta Gerwig, en confrontant l'univers rose de Barbieland, royaume du jeu maniériste, à son revers, livre une satire retorse et consciente de ses limites, mais qui ose au moins être cultivée au sein même de la machine qu'elle cherche à détricoter.

Cependant, cette opération qui aurait pu être passionnante bute sur deux problèmes majeurs. D'abord, le film manque de réelle drôlerie. Entre gags mécaniques, clins d'œil incessants et acteurs enfermés dans des rôles trop familiers, l'humour peine à prendre son envol. Seule l'excellente Kate McKinnon, avec son jeu excentrique, sort du lot. Ensuite, Gerwig utilise une esthétique également publicitaire pour contrer le "patriarco-capitalisme" qui tire les ficelles de la poupée. Les souvenirs des humains qui jouent avec Barbie et le montage final sur la féminité sont baignés dans une esthétique éthérée, semblable à celle d'une publicité pour une confiture ou une assurance. Ainsi, le film tente de remplacer l'image du jouet par une autre, mais utilise pour cela une forme normée, ce qui donne un résultat paradoxal.

En somme, Barbie est un film qui cherche à détourner les stéréotypes associés au jouet, mais qui peine à trouver sa propre voix. Si le film s'ouvre sur une parodie de 2001, l'Odyssée de l'espace et trouve sa résolution dans une chambre blanche presque kubrickienne. Mattel peut se frotter les mains pour ce plan de communication rondement mené. Malgré ces limites, le film reste une œuvre intéressante qui mérite d'être découverte, ne serait-ce que pour sa volonté de bousculer les stéréotypes et de proposer une satire audacieuse du patriarcat et de la société de consommation.

Tag(s) : #Cinéma
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